Quatre ans après « Nox lupi« , voici le 8ème titre de la série “Not Dead” de Siegfried G : Le Poivrot.
La partie de piano des couplets avait été composée par Stéphane P, et Siegfried G avait ajouté les refrains et les paroles (peu subtil reflet d’un mode de vie alors assez déjanté : il faut bien que jeunesse se passe, dit-on, et effectivement, elle est passée). Tous deux jouaient alors dans le groupe Les Gniards, où Siegfried était au clavier et Stéphane à la guitare, entre 1992 et 1994 (après Jésus-Christ, tout de même, précisons-le). Mais sur ce morceau, Stéphane passait au clavier et Siegfried se consacrait au chant, clope à la main pour pas être tout nu, quand-même.
Lorsqu’il commença à faire de la musique sur ordinateur, en 1998, Siegfried enregistra sa propre version du morceau, en même temps que les albums Emilie & les acariens puis 2000 ans de bonheur, avant de bloquer sur les limites techniques de l’époque : la multiplicité des pistes instrumentales et des fichiers audio utilisés faisait planter l’ordinateur (un Power Mac 4400 équipé du logiciel Deck2 puis d’un ProTools avec Digi001) et le morceau resta aux oubliettes jusqu’à quelques nouvelles tentatives de mix entre 2002 et 2004, cette fois sur un Power Mac G4. Nouvelle tentative près de 20 ans plus tard, en 2020, sur un vieux Power Mac G5 (équipé de ProTools avec carte Mbox2 pro)… qui finira par rendre l’âme. Ce n’est donc qu’en 2022, avec un Mac Pro à processeur Intel (occasion de 2007) que la touche finale put être donnée. Ce que c’est que l’opiniâtreté…
Après 30 ans d’errance avinée, notre poivrot n’est donc toujours pas mort, et le voici enfin de retour avec son piano chaloupé et son arrangement chargé. A consommer avec modération, bien sûr.
Paroles
Une fois de plus je rentre bourré Et comme la mer est agitée Je m’ramasse la tête sur les pavés Et je roule roule roule sur la chaussée. Je tombe amoureux-fou d’un réverbère Et comme j’suis un type terre à terre Je lui dis : “viens j’t’en supplie, mon beau luminaire Oh ! Please baby please! embarquons pour Cythère”. Je suis un poivrot Plein comme un tonneau. Mon réverbère sous l’bras j’atterris dans un bouge Où je demande un p’tit coup d’rouge Mais l’patron m’dit : “ouste ! décampe, allez bouge ! Ici j’te préviens on accepte que les bourges”. Le salaud, l’escroc, le sale mange-fric Me menace d’appeler les flics J’lui dis qu’je suis membre d’la ligue anti-alcoolique Mais rien n’y fait il m’expulse à coups de trique Je suis un poivrot Plein comme un tonneau. Je parcours les bas-fonds d’la capitale A la recherche d’une femme fatale Mais je n’vois qu’des clochardes à l’odeur animale Dont les seuls mots d’amour sont : “t’as pas 100 balles?” Tous les effluves fétides de ce cloaque Me remuent un peu l’estomacque Je vois mon visage vert se refléter dans les flaques Attention les gros morceaux ! J’serre les dents, ça fait : crac ! Je suis un poivrot Plein comme un tonneau. Au détour d’un coupe-gorge un peu paumé Je tombe sur un keuf éméché Qui m’dit : “conduite à pieds en état d’ébriété Ton compte est bon, mon gaillard, sors-moi tes papiers !” Mes papiers j’les avais pas, j’avais dû les manger Un peu plus tôt dans la soirée Mais comme le poulaga se montrait obstiné Brusquement j’lui ai tout vomi sur les pieds. Je suis un poivrot Plein comme un tonneau. Le flic en a pris plein son pantalon Et moi je tombe et je m’affale sur le béton. Plus je veux me relever plus je vomis Je patauge et je nage dans mon dégueulis. C’est à ce moment-là que j’ai dû m’endormir J’m’en souviens plus très bien, j’sais pas quoi dire. Quand était-ce au juste : hier ou aujourd’hui? Ou peut-être demain, c’est tous les jours la même vie La même vie…
Licence de diffusion
Paroles : Siegfried G
Musique : Stéphane P, Siegfried G
Siegfried G : voix, guitares, piano, programmation
Extrait de l’album de Siegfried G : “Not Dead (Crème Brûlée hors-série n°3)” .