Dans les années 50 et 60, les Lettristes et les Situationnistes pratiquaient « la dérive » dans le cadre de ce qu’ils nommaient « psychogéographie ». Il y a quelques années, j’avais eu l’idée de détourner le concept en substituant à la dérive urbaine qu’ils pratiquaient une dérive virtuelle le long de mon propre parcours « artisanal » (mot que je préfère à « artistique ») plutôt que dans un espace urbain. Au lieu de présenter mes productions au public uniquement de façon habituelle par date de diffusion ou regroupement thématique, je prévoyais de les présenter aussi sur un blog de façon aléatoire, invitant l’internaute à se mettre dans ma peau dans différentes situations, à travers des œuvres et la description de mon état d’esprit au moment de leur création, chaque nouvelle connexion ou nouveau clic sur « situation suivante » devant générer l’apparition aléatoire d’une nouvelle situation. Je comptais utiliser aussi les liens hypertextes à l’intérieur des posts pour tirer partie de la sérendipité et accentuer les possibilités de dérive à l’intérieur de ce qui serait devenu, au fil des publications, un vaste labyrinthe recelant toujours quelque chose d’inédit.
Le projet pouvait paraître narcissique mais avoir l’audace de présenter au public ce qu’on a fait l’est forcément un peu, de toutes façons. Et le côté « vis ma vie », pouvant aussi être pris pour un ironique pastiche de télé-réalité, me semblait ludique. C’était sans compter le temps que nécessite pour un profane la construction d’un site internet avec beaucoup de contenu, site au demeurant visité exclusivement par ma mère et un ou deux potes, je pense (celles ou ceux qui ont réussi à mémoriser le nom à coucher dehors du label ne courent pas les rues). Mais l’architecture de blog WordPress me permet tout de même à présent d’approcher un peu de l’idée originelle.
Bonne dérive, donc, à celles ou ceux qui voudront s’aventurer dans ce labyrinthe… (on en part quand on veut et on peut y revenir à tout moment). Si tout le blabla vous gave, écouter simplement la musique reste aussi une option.
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