Cut the crap infiltre les réseaux antisociaux

Nos plus fidèles lecteurs l’auront peut-être remarqué : ce blog jusqu’ici plutôt austère est désormais souillé par la présence de gadgets web 2.0 destinés à accroître si possible notre visibilité et notre audience par le truchement dérisoire de réseaux antisociaux (injustement appelés “réseaux sociaux”), tels Facebook ou Twitter.

Ces réseaux sont des produits marketing créés par d’ineptes geeks boutonneux dénués de conscience politique, tels l’infâme Mark Zuckerberg, avec l’appui de business angels et de “capital-risqueurs” avides et profiteurs. Malgré une image qui se veut fun, cool et branchée, leur but est la collecte de données personnelles revendues ensuite à des tiers, ce qui est assez effrayant si l’on considère que de nombreux utilisateurs livrent ainsi en pâture aux bourreurs de crâne publicitaires — mais aussi à la police ! — des renseignements sur leurs moindres faits et gestes. Plus encore que sur le reste du web, ces réseaux antisociaux sont couverts de bruit, celui des épanchements narcissiques et des récits épiques de ces héros des temps modernes qui font caca le matin, mangent lors des repas, prennent des photos de vacances et qui — chose inouïe — étaient tellement mignons lorsqu’ils étaient petits ; le bruit aussi des propos de comptoir et des bêlements des adeptes de la pensée positive qui se souhaitent de “belles journées” alors qu’il serait déjà plaisant qu’une journée fût simplement “bonne” (sinon, on se dirait “beaujour” et non “bonjour”, bande de débiles) ; le bruit également des rumeurs les plus folles et des théories du complot les plus paranoïaques, mais aussi des modes les plus imbéciles ; le bruit des misères affectives ou sexuelles qui cherchent désespérément à se toucher sans avoir à faire l’effort de se connaître (ou réciproquement) ; ou encore le bruit des gazouillis ineptes (tweets) véhiculant en quelques mots abrégés sans orthographe ni syntaxe une pensée courte, tronquée ou vide, privée de la richesse du langage ordinaire, et qui devrait être interdite aux plus de 12 ans, même sous forme de SMS.

Non aux SMS
Non au langage SMS (par Cyril Holweck)

 

Le pire, d’ailleurs, c’est que l’information des media officiels emprunte désormais de plus en plus cette voie-là. Souvenons-nous du début de l’affaire DSK et de l’observation faite alors par Télérama :

Dépassées par les évènements, les télévisions et les radios en étaient réduites, comme tout un chacun, à lire Twitter. Sur TF1, Laurence Ferrari n’assumait pas l’origine de ses informations et avouait, sans duper personne, les avoir « reçues par SMS ». Sans scrupule, Olivier Mazerolle, la star de BFM TV, reconnaissait transmettre les messages écrits sur la plateforme par son envoyé spécial Emmanuel Duteil. Même sur France Info, Twitter était cité au même titre qu’une dépêche de l’AFP. Chose impensable il y a encore quelques semaines. Mais après tout, les informations étaient fiables et vérifiables puisque rapportées par de nombreux journalistes.

On peut aussi évoquer Maryse Burgot lisant sur un trottoir de New York devant les caméras de France 2, le 19 mai 2011, les tweets envoyés par son collègue Hakim Abdelkhalek depuis la salle d’audience du tribunal où comparaissait DSK. La télévision se contentant d’être en direct une chambre d’écho pour Twitter, les télé-spectateurs de la chaîne de l’ex-service public pourraient donc faire aisément l’économie de la redevance.

Et pourtant… Facebook et Twitter sont aussi utilisés par des personnalités, des militants, des organisations, des media… de gauche ! Les révolutions arabes et le mouvement des Indignés ont bel et bien utilisé ces outils à des fins contestataires, voire révolutionnaires. Il est donc peut-être possible de tenter d’en faire un usage à la fois critique et utile. Après tout, il n’y a rien de plus con qu’un slogan, mais une manif sans slogan, ça ne casse pas trois pattes à un canard. Peut-être faut-il envisager ces réseaux sous cet angle ? Si Bourdieu avait bien établi que la critique de la télévision ne pouvait être faite à la télévision sans être instantanément récupérée, dévoyée ou vidée de tout contenu, il n’en est peut-être pas forcément de même pour les réseaux antisociaux, bien qu’ils aient aussi leurs propres dispositifs de censure (il n’est par exemple pas permis sur Facebook de créer un compte d’utilisateur au nom de “Cut the crap” ).

Non sans réticence, nous tentons donc l’aventure, prêts à nous enduire nous-mêmes de goudron et de plumes si, au lieu de parvenir à infecter tant soit peu les réseaux antisociaux nous nous laissons finalement contaminer par l’inanité qui y règne le plus souvent. Ainsi, chaque article de notre blog est désormais pourvu d’un bouton “Partager/Marquer” qui permet d’en faire la promotion sur différents réseaux, dont Facebook et Twitter ou même par simple courriel. Les usagers de Facebook pourront aussi nous y retrouver, puisque notre commissaire du peuple chargé de la propagande virale, Pierre-Joseph de Stal, y a ouvert une page Cut the crap. N’hésitez pas à devenir ses camarades (sur Facebook, bizarrement, ça s’appelle des “amis”), et à recommander notre page ou les articles qui y sont relayés en cliquant par exemple sur “j’aime” (étrangement, il n’y a pas de bouton “je déteste”). Vous pouvez aussi y faire des commentaires, y compris négatifs, ce qui est déjà le cas sur le blog, bien sûr. Enfin, nous avons aussi un compte Twitter : @cutzecrap, auquel vous pouvez vous abonner. Nos tweets apparaissent sur la colonne de droite de ce blog.

lol !!! mdr !!! 🙂

2 réflexions sur « Cut the crap infiltre les réseaux antisociaux »

  1. Si j’avais pour habitude de rédiger quoi que ce soit sur ces réseaux sociaux, je m’exprimerais ici en termes de: ” pff MDR, C dingue “.
    Mais ce n’est pas le cas, alors si je puis me permettre: votre article est fort bien écrit et m’a bien fait rire. Longue vie à l’écriture longue.

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