Radicalisation

Macron nous invite à être vigilants face aux signes de radicalisation. Eh bien justement, je crois que j’ai repéré un radicalisé. Regardez avant et après : c’est flippant.
On voit bien le basculement d’un brave bourgeois de droite, gérant sa ville de province, transformé en fou du dieu Marché parti en guerre sainte contre nos acquis sociaux. Ça fait froid dans le dos.

Onfray mieux de zemmouvoir

Après être rentré des courses au supermarché du coin où j’ai vu en tête de gondole trois nouveaux livres de Michel Onfray, décidément stakhanoviste de la philosophie de marché, j’ai retrouvé sur les réseaux antisociaux le même Onfray, relayé via le journal d’extrême-droite Valeurs (sic) Actuelles (sic) titrant : “Michel Onfray dénonce “un délit de sale gueule sur Zemmour””. Et l’hebdomadaire favori de la bourgeoisie raciste réactionnaire de citer le pédant histrion :

“Pour Michel Onfray, “soit, effectivement, on n’a pas le droit de tenir ce genre de propos et alors il faut élargir à tous les autres propos qui font l’éloge des tyrans, des dictateurs, des salauds etc… Soit on estime que ça fait partie du débat et qu’on ne combat pas un intellectuel en l’envoyant devant les tribunaux ou en prison, mais qu’on le combat avec des idées et des arguments et que c’est simplement le débat démocratique”.”

Le pesant sophisme que voilà ! Si on n’a pas le droit de tenir le genre de propos qu’a tenus Zemmour lors de la “Convention de la droite”, c’est parce que leur contenu violemment raciste et islamophobe peut être qualifié d’injures publiques et de provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence, délits punis par la loi. Ce n’est pas tout à fait la même chose que “l’éloge des tyrans, des dictateurs, des salauds etc.” Par ailleurs, si Zemmour a commis ces délits (rappelons que la justice l’a déjà condamné pour des propos similaires), on voit mal en quoi un brevet d'”intellectuel” (sic) décerné par Michel Onfray devrait lui conférer une immunité refusée au businessman nazi demi-mondain Soral qui, tout autant que Zemmour ou Onfray, pisse de la copie et se prend pour un penseur. On objectera aussi que faire appliquer la loi lorsque Zemmour commet un délit n’empêche pas de combattre ses idées abjectes par des arguments, ce que fait par exemple brillamment l’historien Gérard Noiriel.

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Simplification

“A la sous-préfecture de Dunkerque, il n’y a plus aucun agent à l’accueil. Trois volontaires du service civique — qui, ensemble, coûtent le même prix qu’un seul fonctionnaire d’Etat — passent (…) leurs journées à aiguiller les usagers vers un ordinateur placé à l’accueil. CAF, Pôle emploi, services sociaux : tous sont en transition vers la société sans contact. L’Etat avance l’argument de la simplification, mais, quand il s’agit du renouvellement d’un titre de séjour, le labyrinthe numérique oblige à se demander si les difficultés rencontrées – comme sur le site recueillant les signatures en faveur d’un référendum contre la privatisation d’Aéroports de Paris — ne font pas partie du processus de tri. Il est devenu encore plus facile de compliquer les démarches pour dissuader les usagers de s’y engager.”

Julien Brygo, “Peut-on encore vivre sans Internet ?” ,
Le Monde diplomatique, août 2019

Capitalocène

“Qu’ils adressent des suppliques aux puissants sous les dorures de leurs palais ou qu’ils se replient en communautés spiritualistes, les “effondristes” partagent une même vision du monde, arrimée à l’opposition abstraite entre deux catégories, “la nature” et “l’humanité”, pour en déduire que nous vivrions à l’anthropocène — l’époque de l’histoire de la Terre à partir de laquelle les activités humaines ont transformé négativement l’écosystème. “Je suis très inquiet de la capacité qu’a ce concept d’anthropocène de renforcer cette vieille farce bourgeoise selon laquelle la responsabilité des problèmes émanant du capitalisme reviendrait à l’humanité tout entière”, observe Jason W. Moore, professeur à l’université de Binghampton (Etat de New York) et coordinateur du Réseau de recherche sur l’écologie-monde (World-Ecology Research Network). A la notion d’anthropocène il substitue celle de capitalocène : le rérèglement climatique provient d’un régime économique reposant sur l’extraction de matières premières et l’appropriation d’énergie non payée, une prédation longtemps considérée comme allant de soi. C’est cette stratégie d’utilisation peu coûteuse des ressources non renouvelables, sur laquelle repose l’accumulation illimitée, qui touche à sa fin, et non l’humanité. “Nous sommes en train de vivre l’effondrement du capitalisme, considère-t-il. C’est la position la plus optimiste que l’on puisse embrasser. Il ne faut pas craindre l’effondrement. Il faut l’accepter. Ce n’est pas l’effondrement des gens et des bâtiments, mais des relations de pouvoir qui ont transformé les humains et le reste de la nature en objets mis au travail gratuitement pour le capitalisme.”

Un autre effondrement est possible.”

Jean-Baptiste Malet, “La fin du monde n’aura pas lieu“,
Le Monde diplomatique, août 2019.

Ruines

« Pour les églises, quatre solutions différentes ont été avancées, et reconnues défendables jusqu’au jugement par l’expérimentation, qui fera triompher promptement la meilleure :

G.-E. Debord se déclare partisan de la destruction totale des édifices religieux de toutes confessions. (Qu’il n’en reste aucune trace, et qu’on utilise l’espace.)

Gil J Wolman propose de garder les églises, en les vidant de tout concept religieux. De les traiter comme des bâtiments ordinaires. D’y laisser jouer les enfants.

Michèle Bernstein demande que l’on détruise partiellement les églises, de façon que les ruines subsistantes ne décèlent plus leur destination première (la Tour Jacques, boulevard de Sébastopol, en serait un exemple accidentel). La solution parfaite serait de raser complètement l’église et de reconstruire des ruines à la place. La solution proposée en premier est uniquement choisie pour des raisons d’économie.

Jacques Fillon, enfin, veut transformer les églises en maisons à faire peur. (Utiliser leur ambiance actuelle, en accentuant ses effets paniques.)

Tous s’accordent à repousser l’objection esthétique, à faire taire les admirateurs du portail de Chartres. La beauté, quand elle n’est pas une promesse de bonheur, doit être détruite. Et qu’est-ce qui représente mieux le malheur que cette sorte de monument élevé à tout ce qui n’est pas encore dominé dans le monde, à la grande marge inhumaine de la vie ? »

Internationale Lettriste, Potlatch n°23, 1955

Jacobinisme

“Le “gouvernement révolutionnaire” mène une guerre intérieure et extérieure, prenant des mesures que les contemporains appellent “révolutionnaires” — fonder la République “n’est point un jeu d’enfant” rappelle Robespierre —, ce qui n’en fait pas pour autant une “dictature”. Le récit standard de la Révolution française a longtemps représenté le Comité de Salut public comme une sorte de gouvernement omnipotent confondu avec le pouvoir exécutif. Or cette guerre est l’une des rares dans l’histoire de France à ne pas avoir été conduite dans le secret du pouvoir exécutif mais au contraire par le pouvoir législatif dont les actes, y compris la répression, sont mis en visibilité dans l’espace public. Les membres du Comité de Salut public, qui est un organe de l’Assemblée, donc du pouvoir législatif, doivent tous les mois rendre des comptes et être réinvestis par la Convention. La “centralité législative” exercée par la Convention est au coeur du dispositif, mais celle-ci n’a rien de commun avec une centralisation administrative sous contrôle du pouvoir exécutif telle que nous la comprenons aujourd’hui. le lieu commun désignant un “jacobinisme centralisateur” qui serait dans la continuité de la centralisation monarchique et préfigurerait la napoléonienne est donc un contresens. Le Comité de Salut public n’est pas un ministère. Lorsque certains conventionnels envisagent cette possibilité, leur proposition est immédiatement contestée et mise en minorité. En revanche, la loi du 14 frimaire qui institue le gouvernement révolutionnaire attribue l’exécution des lois révolutionnaires, en particulier celles qui concernent le contrôle de l’économie — la loi dite du “maximum” qui fixe un prix maximum pour les denrées et les matières premières —, aux comités révolutionnaires (ou de surveillance) élus localement et aux municipalités, donc à l’échelon administratif le plus proche de la population et non à une administration centralisée. On notera enfin que les Comités de Salut public et de Sûreté générale ont été créés sous la Convention girondine, le 6 avril 1793 pour le premier, afin de faire face aux défaites militaires, et le 2 octobre 1792 pour le second, qui est en fait l’héritier du Comité des recherches de la Constituante. Le Tribunal révolutionnaire n’est pas plus un produit du gouvernement révolutionnaire puisqu’il est institué le 10 mars 1793, également sous la Convention girondine. Ces institutions fonctionnent donc avant et continueront à fonctionner après ce que les “thermidoriens” appelleront “la Terreur”.”

Marc Belissa et Yannick Bosc, Le Directoire,
La République sans la démocratie
, La Fabrique, 2018

Méthodes

“On ne soulignera jamais assez que la révolution ne sert à rien si elle n’est pas inspirée par son idéal ultime. Les méthodes révolutionnaires doivent être en harmonie avec les objectifs révolutionnaires. Les moyens utilisés pour approfondir la révolution doivent correspondre à ses buts. En d’autres termes, les valeurs éthiques que la révolution instaurera dans la nouvelle société doivent être disséminées par les activités révolutionnaires de la période de transition. Cette dernière peut faciliter le passage à une vie meilleure mais seulement à condition qu’elle soit construite avec les mêmes matériaux que la nouvelle vie qu’on veut construire.”

Emma Goldman, postface à My Desillusionment in Russia,
Doubleday, Page & co, 1923

Vieille

“Les chasses aux sorcières ont aussi inscrit profondément dans les consciences une image très négative de la vieille femme. Certes, on a brûlé de toutes jeunes “sorcières”, et même des enfants de sept ou huit ans, filles et garçons ; mais les plus âgées, jugées à la fois répugnantes par leur aspect et particulièrement dangereuses du fait de leur expérience, ont été les “victimes favorites des chasses” (Guy Bechtel, La Sorcière et l’Occident). “Au lieu de recevoir les soins et la tendresse dus aux femmes âgées, celles-ci ont été si souvent accusées de sorcellerie que, pendant des années, il fut inhabituel que l’une d’elles, dans le Nord de l’Europe, meure dans son lit”, écrivait Matilda Joslyn Gage. L’obsession haineuse des peintres (Quentin Metsys, Hans Baldung, Niklaus Manuel Deutsch) et des poètes (Ronsard, Du Bellay) pour la vieille femme s’explique par le culte de la jeunesses qui se développe à l’époque et par le fait que les femmes vivent désormais plus longtemps. En outre, la privatisation de terres autrefois partagées — ce qu’on a appelé en Angleterre les “enclosures” — au cours de l’accumulation primitive qui a préparé l’avènement du capitalisme a particulièrement pénalisé les femmes. Les hommes accédaient plus facilement au travail rémunéré, devenu le seul moyen de subsister. Elles dépendaient plus qu’eux des communaux, ces terres où il était possible de faire paître des vaches, de ramasser du bois ou des herbes. Ce processus a, à la fois, sapé leur indépendance et réduit les plus vieilles à la mendicité quand elles ne pouvaient pas compter sur le soutien de leurs enfants. Bouche désormais inutile à nourrir, la femme ménopausée, au comportement et à la parole parfois plus libres qu’auparavant, est devenue un fléau dont il fallait se débarrasser. On la croyait aussi animée par un désir sexuel encore plus dévorant que dans sa jeunesse — ce qui la poussait à rechercher la copulation avec le Diable ; ce désir apparaissait comme grotesque et suscitait la répulsion. On peut présumer que si, aujourd’hui, les femmes sont réputées se flétrir avec le temps alors que les hommes se bonifient, si l’âge les pénalise sur le plan amoureux et conjugal, si la course à la jeunesse prend pour elles un tour aussi désespéré, c’est largement en raison de ces représentations qui continuent de hanter notre imaginaire, des sorcières de Goya à celles de Walt Disney. La vieillesse des femmes reste, d’une manière ou d’une autre, laide, honteuse, menaçante, diabolique.”

Mona Chollet, Sorcières,
La puissance invaincue des femmes
, La Découverte, 2018

Big Bang

A l’initiative de Clémentine Autin, députée FI et d’Elsa Faucillon, députée communiste, a été publié un appel en faveur d’un “big bang” de gauche.

J’ai des doutes sur cette initiative, bien sûr. Manoeuvre d’une petite intelligentsia de gauche au service d’une possible ambition personnelle ? Enième rassemblement impuissant et désincarné pour un front unitaire rassemblé de l’unité de la gôche de gôche unie ensemble pour tisser des liens et des fils en vue d’un avenir en commun dans le grand rassemblement citoyen de la rassemblitude du peuple pour l’unitay ? Peut-être. On verra.
En attendant, le texte publié ne me semble en rien incompatible avec l’idée de nouveau front populaire ou de fédération populaire qu’il faudra bien réussir à constituer pour espérer vaincre à la fois le fascisme et le néolibéralisme autoritaire et mener ce pays vers la bifurcation écologique et sociale qui s’impose.

Et puis les cris de haine de certains camarades insoumis contre Clémentine Autain me font honte et me foutent franchement les jetons. Quoi qu’on pense de cette initiative, cela ne vaut pas un tel déferlement d’ordures.

Enfin, même si je suis plus partisan de constituer des collectifs à la base, sur le modèle des assemblées populaires des Gilets jaunes, voire en investissant celles-ci, je vois dans les premiers signataires des noms qui m’inspirent confiance, comme celui de Corinne Morel-Darleux ou Mathilde Larrère. Et le fait que l’appel regroupe des gens aussi différents que Rokhaya Diallo (bête noire du “Printemps Républicain”) et Gaël Brustier (ancien chevènementiste tenant du “populisme de gauche” naguère fondateur du collectif “Gauche Populaire” avec Laurent Bouvet, futur fondateur du… “Printemps Républicain”) me semble de bon augure, en terme de diversité de courants, à l’heure où les Insoumis ne trouvent rien de mieux à faire que se déchirer entre “souverainistes laïcards” et “islamo-gauchistes” sur les réseaux antisociaux (faute de pouvoir le faire en interne dans des espaces de délibération qui n’existent pas).

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Vendôme

“La Commune de Paris, considérant que la colonne impériale de la place Vendôme est un monument de barbarie, un symbole de force brute et de fausse gloire, une affirmation du militarisme, une négation du droit international, une insulte permanente des vainqueurs aux vaincus, un attentat perpétuel à l’un des trois grands principes de la République française, la fraternité, décrète : article unique — La colonne Vendôme sera démolie.”

Décret de la Commune de Paris, 12 avril 1871

RIC

“Les Gilets jaunes ont dénoncé les technocrates et les hauts fonctionnaires, mais finalement, ils ont repris à leur compte leur façon de penser l’action publique. Le Référendum d’initiative citoyenne (RIC) repose sur la fiction d’un peuple homogène qui pourrait parler d’une seule voix, alors que nous savons bien que notre société est traversée par de multiples conflits entre des groupes et des classes qui ont des intérêts souvent contradictoires. Un référendum est une pratique institutionnelle qui fait la part belle aux bureaucrates (qui doivent l’organiser) et aux politiciens rompus à ce type d’exercice. Dans les pays où ce genre de consultation a été mis en oeuvre depuis longtemps, on ne peut pas dire qu’il ait fait avancer beaucoup la démocratie. On sait que l’extrême-droite raffole de ces consultations “populaires” car elles permettent souvent de faire passer dans la loi des propositions xénophobes.

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Intellectuel

“Tout le monde aujourd’hui peut jouer à l’intellectuel sur Facebook en dénonçant le pouvoir, en lançant son affaire Dreyfus, etc. Vu le niveau de ceux qui sont présentés comme des “intellectuels” à la télévision, on ne peut guère reprocher aux citoyens ordinaires de cultiver cette ambition.”

Gérard Noiriel, Les Gilets jaunes à la lumière de l’histoire,
dialogue avec Nicolas Truong, Le Monde / Editions de l’aube, 2019

Spectacle

“Je pense que nous assistons aujourd’hui à un nouvel épisode dans la lutte déjà ancienne que se livrent les politiciens et les journalistes pour apparaître comme les véritables représentants du peuple. En diffusant en boucle les propos des manifestants affirmant leur refus d’être “récupérés” par les syndicats et les partis, les chaînes d’information en continu ont mené leur propre combat pour écarter les corps intermédiaires et pour s’installer comme les porte-parole légitimes des mouvements populaires. Le fait que des journalistes aient endossé publiquement un gilet jaune avant la manifestation du 17 novembre illustre bien cette stratégie ; laquelle a été confirmée par les propos entendus sur les chaînes d’information en continu présentant ce conflit social comme un “mouvement inédit de la majorité silencieuse”. Nous avons là une illustration parfaite du rôle que jouent les médias audiovisuels dans la “démocratie du public” (…).

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Lutte

“(…) Même quand une lutte populaire est vaincue, il en reste toujours quelque chose. Les aspirations à la démocratie directe ont souvent été relayées par les élites et traduites dans des dispositifs compatibles avec les principes de la démocratie représentative. Le meilleur exemple est celui de la Révolution française qui aboutira au renversement de la monarchie par la République. Mais on peut évoquer aussi le suffrage universel masculin qui a été adopté par le gouvernement provisoire au lendemain de la révolution de février 1848. Plus près de nous, pour répondre aux aspirations “autogestionnaires” apparues lors du mouvement de mai-juin 1968, le général de Gaulle avait proposé de fusionner le Conseil économique et social et le Sénat au sein d’une nouvelle assemblée consultative, mais les Français, consultés par référendum, répondirent par la négative, ce qui conduisit à la démission du Général.”

Gérard Noiriel, Les Gilets jaunes à la lumière de l’histoire,
dialogue avec Nocilas Truong, Le Monde / Editions de l’Aube, 2019

Vote

“(…) On consent individuellement à l’autorité même si on n’est pas d’accord. Il en est ainsi parce qu’on pense la décision légitime. Et elle est légitime parce qu’elle résulte d’une décision collective, qui est prise par un vote.”

Jean-Luc Mélenchon, De la Vertu, Editions de l’observatoire, 2017, page 8

Démocratie du public

“Les journées d’action du 17 et du 24 novembre ont été suivies par les chaînes d’information en continu dès leur commencement, minute par minute, “en direct” (terme qui est devenu désormais un équivalent de communication à distance d’événements en train de se produire). le samedi 24 novembre au matin, les journalistes étaient plus nombreux que les Gilets jeunes sur les Champs-Elysées. Si l’on compare avec les journées d’action des cheminots du printemps dernier, on voit immédiatement la différence. Aucune d’entre elles n’a été suivie de façon continue et les téléspectateurs ont été abreuvés de témoignages d’usagers en colère contre les grévistes, alors qu’on a très peu entendu les automobilistes en colère contre les bloqueurs.

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Aménité

“[…] La stratégie et les moyens mis en œuvre par la FI aujourd’hui au mieux passent à côté des enjeux, au pire desservent les fins. Dans les deux cas elles me semblent en-deçà de l’exigence écosocialiste. Les “ signifiants vides ” du populisme et de la stratégie anti-Macron, visant à fédérer le plus largement possible, étouffent trop souvent la radicalité du projet initial. Les affaires internes et le commentaire systématique de l’actualité me semblent de plus en plus hors-sol. Les réactions auto-centrées nous coupent les ailes. J’ai toujours plaidé pour l’alliance d’une aménité de ton et d’une radicalité de fond, je vois l’opposé. La critique interne, même bienveillante, est vécue comme une attaque, le pas de côté comme une trahison.”

Corinne Morel-Darleux, “Pourquoi quittez-vous la direction du Parti de Gauche ?“,
Reporterre, 27 novembre 2018

Ecosocialisme

“Répartition des richesses, souveraineté populaire, bifurcation écologique : nous devons tenir ces trois axes. (…) L’écosocialisme fournit un liant cohérent à ces trois axes. En lien avec les alternatives concrètes, il identifie les prémisses du futur dans le présent. Il permet de fédérer des cultures politiques différentes, du marxisme à l’écologie anticapitaliste en passant par les libertaires et l’autogestion. Il fournit la passerelle allant du NPA à Europe Ecologie, de Notre Dame des Landes à la CGT, en passant par Alternatiba et les collectifs anti-Tafta, sans rien renier de nos combats.”

Corinne Morel-Darleux, Réflexions post-européennes en 7 citations.
Aménité et radicalité, croiser le fer et le velours pour une gauche réinventée, 2014

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