Droit de réponse à Philippe Cohen-Grillet, à propos de la considérable affaire Corbière

Je ne connais pas personnellement Alexis Corbière.
J’ai été membre de 2012 jusqu’à cette année du même parti que lui, mais en désaccord avec certains aspects de l’organisation de la France Insoumise, comme je l’ai évoqué ici-même, je prends actuellement quelque distance avec ce mouvement. On pourra donc difficilement me reprocher de prendre la défense d’Alexis Corbière par esprit de clocher. Je ne crois pas d’ailleurs qu’il ait vraiment besoin de mes services pour se défendre, mais étant attaché à une certaine forme d’honnêteté intellectuelle, je n’aime pas la mesquinerie crasse.


Etant relativement aguerri à la veille antifasciste, j’ai eu l’occasion de repérer que, depuis plusieurs mois, fachos et libertariens, parfois appuyés par quelques macronistes, voire des solfériniens (et hélas parfois aussi par quelques militants de gauche ou anti-FI forcenés), propageaient force calomnies à propos du couple formé par Alexis Corbière et Raquel Garrido (voir ci-jointe la capture d’écran d’une publication d’un troll libertarien dans un faux groupe “Nuit Debout” qui est en fait un vrai nid de fachos). Un “porte-parole de JLM” et une “avocate du parti” (sic) “disposant d’un logement social à Paris”, il y avait de quoi alimenter au sein de l’extrême-droite la machine à fantasmes sur les élus “tous pourris” profitant du “système”… sauf que ni Corbière ni Garrido n’étaient alors des élus (ni même des permanents de leur parti) et qu’il n’y avait rien d’étonnant, d’immoral ni d’illégal dans le fait qu’un professeur de lycée professionnel et une avocate avec 3 enfants pussent bénéficier d’un logement social (il existe plusieurs formes de logements sociaux et on ne parle évidemment pas là d’un HLM en PLAI réservé aux foyers les plus démunis). Alexis Corbière prit même le soin de spécifier sur LCI que le loyer de 1240€ qu’il payait représentait “quasiment la moitié de ses revenus”, qu’il ne possédait aucun patrimoine et qu’il n’était pas du tout dans le cas de ministres ayant pu occuper indûment de tels logements.

Quelques mois plus tard, Alexis Corbière ayant entre temps été élu député, j’ai découvert sur le mur Facebook d’un ancien militant PG aigri (maintenant que je me détache à mon tour de ce parti, j’espère malgré tout ne pas finir comme lui) la publication d’un journaliste de Sud Radio, Philippe Cohen-Grillet, dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’ici. J’en recopie ci-dessous le texte intégral :

“Pour que les choses soient claires et limpides. Voici les informations que j’ai révélées en exclusivité sur Sud Radio le 20 juin dernier, puis complétées au fil de mon enquête. Des faits, précis, démontrés, indubitables.

Le locataire entrepreneur-député-insoumis Alexis Corbière prié de quitter son appartement

Le 13 octobre 2016, Alexis Corbière a créé une société de conseil, modestement baptisée Monsieur Alexis Corbière, inscrite au registre du commerce sous la forme d’une « Affaire personnelle, profession libérale », dont l’objet est « Conseil en relations publiques et communication ».
Le porte-parole de Mélenchon a donc la fibre entrepreneuriale mais ne s’en est pas vanté. Las, parmi les mesures de la loi de moralisation de la vie publique (loi sur laquelle Corbière et ses amis insoumis se sont abstenus), cette prospère entreprise dite de conseil sera interdite aux parlementaires si son activité a débuté depuis moins d’un an, et ce afin de prévenir tout conflit d’intérêt. Corbière se trouve dans une situation analogue à celle de Fillon qui avait créé sa société 2F Conseil douze jours seulement avant d’être élu député, une antériorité par rapport au début de son mandat lui permettant de dispenser de juteux conseils, notamment auprès de son ami Henri de Castries, alors pédégé d’Axa, moyennant 200.000 euros.
Mais le cas Corbière pose un autre problème. Sa société est domiciliée boulevard Soult, dans l’appartement de la Régie Immobilière de la Ville de Paris, un logement social, qu’il occupe en toute légalité avec son épouse Raquel Garrido et leurs trois enfants, dans le XIIe arrondissement (dont il fut le premier adjoint au maire). Environ 1.200 euros pour 80 mètres carrés, un tarif nettement en deçà du prix du marché.
Gros souci, domicilier une activité commerciale au sein d’un logement social est formellement interdit, sauf à en faire la demande expresse auprès du bailleur et d’en obtenir l’autorisation écrite. « Cette procédure est très formelle et strictement encadrée, nous explique un cadre haut placé de la RIVP. L’autorisation peut être accordée pour un délai de 5 ans, renouvelable après examen du dossier ». Là où le bât blesse : « A cette adresse, le dossier dont nous disposons ne comporte qu’une demande de domiciliation d’une activité commerciale, déposée par madame Raquel Garrido-Corbière le 1er juin 2005 et qui lui fut alors accordée. Il s’agit d’une société baptisée Misty, dont elle était la dirigeante ». L’épouse de Corbière, qui est également l’avocate de Mélenchon et fut la « porte-parole internationale » du candidat de la France insoumise durant la campagne présidentielle, a en effet enregistré cette entreprise le 27 juin 2005. Objet : « Enregistrement sonore et édition musicale ». Cette boîte devait promouvoir les talents artistiques de la sœur de Raquel, Tatiana Garrido, co-gérante de la société, chanteuse plus connue sous son nom de scène, Mistysa. Malheureusement, la carrière de la diva a tourné court et la société Misty a déposé le bilan le 14 mai 2011. L’appartement du boulevard Soult est alors redevenu un doux foyer pour la famille Corbière.
La RIVP nous confirme n’avoir « reçu à ce jour aucune demande de la part de monsieur Alexis Corbière pour la domiciliations d’une entreprise à l’adresse du logement qu’il occupe en tant que locataire ». Avant de se retrouver possiblement dans l’illégalité après la promulgation de la loi de moralisation de la vie publique s’il continuait à exercer une activité de conseil tout en étant député, le locataire Corbière est donc déjà en infraction par rapport au règlement de son bailleur.
La RIVP, de son côté, a adressé une courrier à Alexis Corbière, et même deux. Le 21 juin dernier, soit trois jours après son élection en tant que député de la 7ème circonscription de Sein-Saint-Denis (couvrant les communes de Montreuil et Bagnolet, pas franchement dans le XIIe arrondissement parisien), Frédérique Calandra, président du Conseil d’administration de la RIVP (accessoirement maire PS du XXe arrondissement) a pris la plume : « Conformément à notre politique éthique, venant d’être élu député, vous voudrez bien quitter le logement que vous occupez à un horizon raisonnable, afin de permettre d’y loger une famille parisienne », écrit-elle à Corbière. Un courrier recommandé avec accusé de réception double d’une lettre simple en termes similaires le 26 juin.
« Depuis 2009, dans un souci de transparence, nous ne tolérons pas, au titre de l’éthique, qu’un ministre ou qu’un parlementaire occupe un logement social. Nous croulons sous les demandes en souffrance de familles qui ont véritablement besoin de ces logements, actuellement plus de 200.000 dossiers », précise un haut responsable de la RIVP. Et de poursuivre, « Nous avons à l’époque adressé des courriers similaires à Jean-Pierre Chevènement, alors sénateur, Delphine Batho, députée et Fadela Amara, ministre de la Ville. Tous trois occupaient un logement social de la RIVP qu’ils ont fini par quitter, non sans traîner des pieds et se faire prier. Nous pouvons à la rigueur tolérer que des élus locaux soient locataires de ces appartements, sous réserve que le revenu de leur mandat soit raisonnable. C’est le critère que nous retenons. Les parlementaires et les ministres perçoivent des émoluments qui dépassent largement ce critère. Aujourd’hui, Alexis Corbière est notre seul locataire a être également député. Nous lui demandons donc de rendre son logement, comme nous l’avons fait pour les autres ».
Philippe Cohen-Grillet”

J’ai été frappé, au-delà du style ironisant très “Canard enchaîné” (l’auteur semble être ou avoir été collaborateur du volatile), par l’aspect militant et à charge de cet article, tordant les faits et les interprétant de façon abusive. Je me suis donc permis quelques commentaires… qui n’ont pas été du goût de l’auteur. En effet, celui-ci m’a signifié par message privé tout le mal qu’il pensait de mes propos, me bloquant aussitôt (et m’empêchant donc de lui répondre) avant de supprimer (bien qu’il eût annoncé le contraire) mes commentaires les plus factuels.

Ce n’est pas la première fois qu’un interlocuteur gêné par les arguments que je lui oppose croit pouvoir me faire taire. Ce blog me permet justement de passer outre le blocage sur Facebook pour exposer publiquement la magouille.

Je n’ai évidemment jamais injurié Philippe Cohen-Grillet ni ne l’ai assimilé à l’extrême-droite. Je lui ai juste signifié que son attaque à charge contre Alexis Corbière allait faire le régal de l’extrême-droite qui, comme je l’ai illustré plus haut, l’a ciblé depuis plusieurs mois déjà. J’ai montré également que le dossier à charge constitué par le journaliste ne devait rien à la neutralité et à l’objectivité dont se targue la profession mais était au contraire l’oeuvre d’un militant. J’en suis un moi-même et ne vois là aucune tare, mais je n’avance pas masqué. M. Cohen-Grillet, lui, cherche à nuire à Alexis Corbière et enquête dans ce but.

Cette animosité transpire dans quelques formules, telles que “le locataire entrepreneur-député-insoumis Alexis Corbière”, qui mêle des qualités qui n’ont rien à voir. Que Corbière soit locataire ne constitue pas son identité politique. Et qualifier d’entrepreneur quelqu’un qui a simplement créé une société il y a quelques mois est abusif. Enchaîner en affirmant que “le porte-parole de Mélenchon a donc la fibre entrepreneuriale mais ne s’en est pas vanté” relève de l’attaque gratuite : créer une société dans un contexte donné n’implique pas d’avoir la fibre entrepreneuriale, fibre qui n’aurait au demeurant rien d’incompatible avec le fait de militer pour la France Insoumise (car oui, des “entrepreneurs” peuvent avoir une conscience politique et sociale et ne pas adhérer à l’idéologie du Medef), et on ne voit pas pourquoi Corbière aurait dû se vanter de quelque chose qu’il n’a au demeurant pas caché non plus. Cohen-Grillet précise sans que cela ait le moindre rapport que le député Corbière n’a pas voté pour la loi prétendue “de moralisation de la vie publique”, sous-entendant ainsi qu’il se serait opposé à celle-ci par intérêt personnel. Or, il est aisément vérifiable que si le groupe insoumis s’est abstenu lors du vote de cette loi, ce n’est évidemment pas pour protéger “l’entreprise” de Corbière mais parce que cette loi bâclée et mal ficelée n’allait pas assez loin, ne s’occupant que des parlementaires mais pas de l’exécutif, et parce qu’elle maintenait l’indéfendable “verrou de Bercy” contre lequel Corbière lui-même avait bataillé.

Bref, aucun rapport avec la société de Corbière, que Cohen-Grillet ose qualifier de “prospère entreprise dite de conseil” sans jamais avoir donné aucun chiffre sur l’activité réelle de ladite entreprise, créée seulement le 13 octobre 2016 : on conviendra qu’il faut généralement plus de temps à une société pour devenir “prospère” et qu’un tel qualificatif sans aucune mention des résultats ni des bénéfices de l’entreprise est hautement fantaisiste. Mais Cohen-Grillet ne s’arrête pas en si bon chemin dans la malveillance puisqu’il compare illico le cas de Corbière à celui, infâmant, de Fillon, qui, précise le journaliste toujours aussi neutre et objectif, “avait créé sa société 2F Conseil douze jours seulement avant d’être élu député, une antériorité par rapport au début de son mandat lui permettant de dispenser de juteux conseils, notamment auprès de son ami Henri de Castries, alors pédégé d’Axa, moyennant 200.000 euros”. Avant de pouvoir affirmer que Corbière se trouve ainsi “dans une situation analogue” à celle de Fillon, Cohen-Grillet devrait à tout le moins préciser auprès de quel oligarque du monde des affaires Corbière a prodigué de si cher conseils. Il ne le fait évidemment pas. Et se garde bien de préciser qu’il n’y a rien de comparable entre la situation de François Fillon, ancien premier ministre à la longue carrière parlementaire et ministérielle qu’on n’imagine pas sans le sou au moment où il briguait un nouveau mandat de député en 2012 et où il a monnayé son carnet d’adresse et son influence auprès de son ami patron, et le professeur Corbière, sans aucun mandat électif depuis 2014, en congé de l’Education nationale pour participer aux campagnes de 2017, et ayant donc peut-être besoin de créer une société pour pouvoir facturer des prestations à la France Insoumise durant la campagne et avoir ainsi une source de revenus (je n’en sais rien ; je fais juste là une hypothèse qui me semble plausible et, n’étant pas journaliste, je ne vais pas faire à sa place le travail de M. Cohen-Grillet).

Notre si négligent journaliste précise que la loi de prétendue moralisation de la vie publique empêchera, quand elle entrera en vigueur, Alexis Corbière de garder sa société. Mais au lieu d’en conclure qu’il remue peut-être beaucoup d’air au sujet d’une société qui, à peine née, n’aura bientôt plus d’existence, Cohen-Grillet sombre dans le syndrome Minority Report, consistant à anticiper sur de potentiels délits : puisque la loi pas encore définitivement votée par les deux chambres ni promulguée “le placera en tant que député dans l’illégalité”, il est donc en quelque sorte délinquant par anticipation (il ne viendrait pas à l’idée de Cohen-Grillet que Corbière puisse envisager, peut-être, allez savoir, de tout simplement se conformer à la loi lorsque que celle-ci entrera en application).

On voit que M. Cohen-Grillet ne fait pas ici simple oeuvre de journalisme. Il illustre par des imputations sans fondement une animosité envers le couple Corbière-Garrido qui s’exprime par plusieurs autres publications sur sa page Facebook. Je ne sais quelle est la cause de cette haine, ni si elle est d’ordre personnel ou politique. Mais reconnaissons que M. Cohen-Grillet mouille la chemise au service de cette cause. Car il est allé dénicher une information capitale : Alexis Corbière n’aurait pas demandé l’autorisation de son bailleur avant de domicilier sa société chez lui. Je ne connais pas le règlement de cette RIVP et je veux bien croire M. Cohen-Grillet sur parole lorsqu’il affirme qu’une telle absence d’autorisation n’est pas réglementaire. De là à employer comme lui le mot “illégal”, je me demande si ce n’est pas quelque peu abusif (je ne suis pas sûr en tout cas qu’il y ait là un délit caractérisé), mais bon, admettons que M. Corbière s’est rendu là coupable de négligence ou de faute. Dans son obsession haineuse, M. Cohen-Grillet semble persuadé de tenir là le scoop du siècle, car il va jusqu’à poursuivre une collègue de Marianne devant le tribunal de commerce (voir capture d’écran ci-dessus) lorsqu’il estime qu’elle relaie cette info sans lui en imputer suffisamment la paternité. Je suis content, du coup, de ne pas être journaliste moi-même, et de m’éviter ainsi d’avoir à subir les élans confraternels ou les leçons d’orthographe du cher maître.

Mais là aussi, l’acharnement de M. Cohen-Grillet semble sujet à une certaine démesure. Il dit qu’après trois anciens ministres (Chevènement, Batho et Amara) ayant dû renoncer à leur logement, Corbière serait le “seul et unique élu” à bénéficier encore d’un logement social de la RIVP. Sauf que Corbière vient d’être élu député et s’est engagé quelques jours après son élection devant des journalistes de l’Obs à déménager :

“C’est compliqué de trouver en deux semaines, mais oui, je vais habiter dans ma circonscription. Est-ce que ça aura lieu dans trois, quatre ou cinq mois, je ne peux pas vous dire. Je ne sais pas si ce sera à Bagnolet ou à Montreuil, je ne sais pas si je vais acheter ou louer, et je je dois aussi négocier avec mes trois enfants… Mais je tiendrai parole.”

Bref, lorsque Cohen-Grillet produit la lettre de l’élu solférinien qui demande fielleusement à Corbière de quitter le logement “à un horizon raisonnable” seulement 3 jours après son élection, il devrait se rendre compte que l’annonce de Corbière va bien dans ce sens et que deux mois plus tard, en août 2017, après l’intense session extraordinaire de l’assemblée et la pause estivale, il reste encore raisonnablement quelque temps au député Corbière avant de faire ses cartons. Quant à son horrible crime, n’avoir pas demandé l’autorisation de la RIVP avant de domicilier sa société chez lui, on peut supposer que le candidat Corbière, en congé professionnel, accaparé par la campagne électorale, pas sûr de son élection, ne sachant de quoi l’avenir serait fait pour lui en 2017 (il aurait aussi bien pu être ministre en cas d’élection de JLM ou redevenir simplement prof de lettres-histoire à Paris en cas de défaite à Montreuil-Bagnolet), a pu oublier cette formalité. Je doute que dans une telle affaire, pour quelques mois de domiciliation de société non déclarée, le bailleur soit fondé à entamer des poursuites judiciaires, l’odieux crime pouvant se régler par une simple mise en demeure adressée au locataire pour l’inviter à domicilier sa société ailleurs ou à demander une autorisation en bonne et due forme. Pas sûr même que le locataire négligent encoure la moindre pénalité. Je fais confiance à la presse d’investigation pour enquêter à ce sujet de première importance. Mais comme on le sait à présent, la société de Corbière devenu député va devoir être fermée en vertu de la nouvelle loi de prétendue moralisation, sans avoir connu une année entière d’activité, et le nouveau député de Seine-Saint-Denis va devoir déménager du logement qu’il occupait jusqu’ici à Paris en toute légalité. Bref, l’affaire est close, bien que l’inépuisable Cohen-Grillet nous promette encore des révélations fracassantes. Je mets toutefois en garde ses confrères journalistes qui travailleraient aussi sur le même dossier, rêvant d’éclipser là le scandale de Panama ou l’affaire Stavisky : vous avez intérêt à rendre à César Cohen-Grillet ce qui est à César Cohen-Grillet et faisez gaffe à votre aurtograf, sinon le gars, un poil vaniteux et soupe-au-lait, risque de vous envoyer faire des piges à Cayenne. Non mais.
Et s’il essaie de vous bloquer sur sa page Facebook, envoyez-moi vos réponses, je transmettrai ici. 🙂

 

Auteur/autrice : Serge Victor

Militant de gauche, écosocialiste, féministe, autogestionnaire

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