“La bataille pour le salaire doit être une bataille pour une autre production de valeur : un salaire qui reconnaisse comme travail d’autres activités que celles qui mettent en valeur du capital et donc augmente le champ de la valeur ; un salaire à vie qui, versé par une caisse collectant les cotisations salaires et non pas par l’entreprise, permette aux salariés d’intervenir effectivement dans les décisions sur leur lieu de travail sans craindre de représailles ni le chantage à l’emploi ; un salaire incluant la cotisation économique collectée par des caisses de subvention de l’investissement gérées par les travailleurs.
Opposer une alternative offensive à la CSG en matière d’allocations familiales, ça n’est pas proposer une meilleure technique de répartition de la valeur, c’est se battre pour poursuivre et amplifier la reconnaissance comme travail d’activités hors emploi, c’est populariser un salaire à vie qui permettra, en liant la qualification à la personne et donc, le maintien du salaire quelle que soit l’activité, des arbitrages beaucoup plus souples qu’aujourd’hui entre les temps sociaux, de sorte que la présence des parents auprès de leurs très jeunes enfants ou des adolescents sera possible sans effets négatifs sur la carrière professionnelle par exemple. Notons au passage que les droits économiques ne règlent pas tout. Une mobilisation féministe sera nécessaire pour que ces arbitrages plus faciles ne conduisent pas à un partage des tâches domestiques encore plus genré.”
Bernard Friot, Vaincre Macron, La Dispute, 2017