Mode

« La bourgeoisie a toujours bon goût puisque le bon goût se définit par le fait que c’est le sien. Elle ne saurait déroger au dress code qu’elle fixe. Un prolo débarquant en sous-pull jaune dans une soirée commet une faute de goût, un bourgeois pareillement attifé vient de redéfinir le code. »

François Bégaudeau, Histoire de ta bêtise, Pauvert, 2019, p.124

Le droit à la paresse

Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie traîne à sa suite des misères individuelles et sociales qui, depuis deux siècles, torturent la triste humanité. Cette folie est l’amour du travail, la passion furibonde du travail, poussée jusqu’à l’épuisement des forces vitales de l’individu et de sa progéniture.

Paul Lafargue, Le droit à la paresse, 1883

Le camarade François Ruffin, père de 2 enfants, non seulement député très actif, mais aussi toujours directeur du journal Fakir, vient de sortir un livre (Cette France que tu ne connais pas) — dont je recommande la lecture — et écume les salles de cinéma pour présenter en avant-première son nouveau film, J’veux du soleil. Il semble aussi être un grand lecteur et est également un passionné de foot.

Continuer la lecture de « Le droit à la paresse »

Fake news

« (…) les fake news viennent aussi bien de la population, de la société civile, que du gouvernement. Du côté des autorités, des ministres et des députés, on voit partir des fausses nouvelles comme la légende de la personne effectuant un salut nazi sur les Champs-Elysées, démontrant ainsi par l’image que le mouvement est synonyme de la peste brune (alors qu’il s’agissait d’un brave pépère qui faisait un “Ave Macron” ironique)…, ou des policiers défigurés à l’acide par les manifestants. Nouvelles qui sont parfaitement fausses et que certains députés et ministres devraient vérifier avant de les partager sur Internet et dans les médias traditionnels.

Continuer la lecture de « Fake news »

Guerre civile

« Il est piquant de voir d’anciens dirigeants vedettes de Mai 68, ayant par exemple écrit en 1969 “Vers la guerre civile” ou fantasmé sur la lutte armée comparer la douceur quasi évangélique de Mai à la brutalité des manifestants (non déclarés en préfecture !) cinquante ans plus tard. »

François-Bernard Huyghe, Xavier Desmaison et Damien Liccia,
Dans la tête des Gilets Jaunes, V.A. éditions, 2018

Plèbe

« Si l’on s’accorde à dire que la notion de peuple circule principalement entre trois pôles principaux : le mos, qui entend le peuple dans un sens d’abord juridique et électoral ; l’ethnos, qui considère le peuple comme le socle d’une communauté et d’une identité, et la plebs, qui définit le peuple dans un sens social, le soulèvement des gilets jaunes vient rappeler qu’il existe une autre configuration possible que le face-à-face mortifère entre des démocraties représentatives qui ne le sont plus et des thuriféraires d’un peuple exclusif, voire homogène.

Face au dèmos et à l’ethnos, le terme de plebs dessine une idée du peuple en tant qu’il se situe dans une situation de domination et qu’il menace toujours de déborder, d’excéder un cadre politique dont il est à la fois le centre abstrait et le relégué fréquent. C’est ce peuple qui, en tant qu’il constitue une notion dynamique, demeure le sujet inévitable d’une démocratie qu’on ne réduirait pas à son formalisme institutionnel et dont on ne gommerait pas la dimension conflictuelle. C’est cette idée d’un peuple qui ne serait jamais identique à ce qu’on veut y voir, qu’il s’agisse d’une population électorale ou d’un fantasme identitaire, voire même d’une foule révolutionnaire, que celles et ceux qui veulent disqualifier les gilets jaunes, au motif de la violence, de l’ombre de l’extrême droite ou des dangers bien réels qui pèsent sur la démocratie représentative, ne peuvent aujourd’hui rejeter.

Joseph Confavreux, «Gilets jaunes»:
la querelle des interprétations
, Médiapart, 18 janvier 2019.

Ma réponse à Cronma

Salut Manu,
Tu nous prends vraiment pour des quiches avec ta lettre pour neuneus.

Je te cite :


« Mais il y a pour cela une condition : n’accepter aucune forme de violence. »

Mais la violence, elle vient de toi, Mr Flashball.


« Je n’accepte pas, et n’ai pas le droit d’accepter la pression et l’insulte »

C’est pour ça que tu n’arrêtes pas de nous traiter de « Gaulois réfractaires », « rien », « fainéants », « cyniques »… ? Baltringue.


« Pour moi, il n’y a pas de questions interdites. »

Gros appel du pied aux fachos et aux réacs pour qu’ils fassent comme avec la consultation bidon du CESE.


« Je n’ai pas oublié que j’ai été élu sur un projet »

Menteur. Ton projeeeeet, la majorité de tes propres électeurs n’en voulait pas. Ils ne t’ont élu que par peur du fascisme.


« Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises pour corriger cela afin d’encourager l’investissement et faire que le travail paie davantage »

Donc ton pauvre débat est fantoche, tartuffe.


« Nous ne pouvons, quoi qu’il en soit, poursuivre les baisses d’impôt sans baisser le niveau global de notre dépense publique. »

Ben voyons. Tu nous enfumes en tenant pour acquis qu’il faudrait faire baisser la masse des impôts alors qu’il faut surtout que les riches paient enfin leur juste part et que tout l’effort ne repose pas sur la classe moyenne.


« Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ? »

Supprimons la propriété lucrative. C’est elle qui nous coûte cher.


« Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ? »

Ouais, la présidence de la République, c’est trop cher. Gouvernons-nous nous-mêmes.


« des tensions et des doutes liés à l’immigration et aux défaillances de notre système d’intégration »

C’est toi qui défailles, rigolo, en traitant les immigrés comme de la merde.


« La question de la laïcité est toujours en France sujet d’importants débats. »

Pas touche à la loi de 1905. Diversion grossière pour diviser le peuple et faire oublier tes turpitudes antisociales.


Ton débat, c’est du flan.
Nous débattrons nous-mêmes dans nos assemblées populaires.
Dégage.

La LICRA, passerelle vers la droite ?

Le 20 décembre 2018, la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme) publiait un communiqué attaquant violemment le député François Ruffin :

“Le plus grave est en effet intervenu lorsqu’il a exprimé, au sujet du référendum d’initiative citoyenne, des remerciements inattendus : « Oh, il n’a pas fleuri par hasard, il a fleuri parce que des hommes de conviction, nommons-les, Etienne Chouard et ses amis, ont semé, ont arrosé, depuis des années ». Puisque Monsieur Ruffin a choisi de nommer Etienne Chouard, nul ne doit ignorer l’idéologie d’un homme qui figure désormais au Panthéon des Insoumis sans que cela ne suscite, en dehors de Clémentine Autain, la moindre réprobation du parti de Jean-Luc Mélenchon.”

Mario Stasi, président de la LICRA

On conviendra avec Clémentine Autain que François Ruffin aurait pu s’abstenir de citer publiquement un personnage aussi sulfureux que Chouard, non seulement à cause de son confusionnisme, de son complotisme et de ses accointances avérées avec l’extrême-droite la plus ignoble, mais aussi parce que la manière dont Chouard fétichise le RIC risque non seulement de désarmer le mouvement social des Gilets Jaunes mais de nuire à la cause même du RIC. Pour autant, la façon dont Mario Stasi pointe cette erreur est elle-même problématique. En effet, si Ruffin accorde une reconnaissance au rôle de Chouard dans la popularisation du RIC (rôle qu’il serait objectivement difficile de nier, quoi qu’on pense de Chouard), il est totalement abusif d’affirmer que cet homme figurerait désormais « au Panthéon des Insoumis ». Plus loin, Stasi ajoute que Ruffin aurait pour devoir « de ne pas engager un dialogue cauteleux avec des ennemis de la République », sous-entendant qu’en citant Chouard il ne respecterait pas ce devoir. Il parle même ensuite de « déclaration d’amour de François Ruffin à Etienne Chouard ». Or, on aura beau lire et relire la déclaration de Ruffin, on ne risque pas d’y trouver une « déclaration d’amour », ni même l’amorce d’un dialogue complaisant avec Chouard. On y trouvera juste la reconnaissance factuelle du militantisme « de conviction » de Chouard en faveur du RIC. Bien qu’étant moi-même adversaire résolu du fétichisme chouardien, je suis bien obligé de reconnaître que Ruffin ne dit en l’occurence que l’exacte vérité. Mais si reconnaître de la conviction chez quelqu’un équivaut à une « déclaration d’amour », il va falloir réviser sérieusement le concept même d’amour… ou peut-être tout simplement envisager l’hypothèse que Mario Stasi pratique ici une bien curieuse novlangue.

Continuer la lecture de « La LICRA, passerelle vers la droite ? »

Oui au RIC, non au fétichisme du RIC

Le mouvement des Gilets Jaunes a connu plusieurs phases : d’abord apparu comme un mouvement anti-fiscal aux relents poujadistes, il s’est enrichi ensuite de revendications sociales et démocratiques à dominante progressiste (au point qu’une bonne partie d’entre elles figurent déjà dans le programme « L’Avenir en commun » de la France Insoumise) qui ont permis à certains militants de gauche ou syndicalistes d’abord réticents (j’en suis) de converger finalement avec cette lutte populaire. D’abord cantonné à un blocage des flux, le mouvement a ensuite pris une dimension insurrectionnelle avec des assauts lancés contre les lieux de pouvoir (Elysée, préfectures…). Après plus d’un mois d’actions soumises à une répression sans précédent de la part d’un pouvoir aux abois, une revendication a émergé parmi les Gilets Jaunes, sur les ronds-points occupés, les barrages, dans les groupes Facebook, les boucles Telegram, via aussi certains des initiateurs du mouvement : le Referendum d’Initiative Citoyenne (RIC). 

Continuer la lecture de « Oui au RIC, non au fétichisme du RIC »
css.php