« […] l’Antisocial plaide invariablement l’intérêt des consommateurs pour promouvoir la privatisation massive des monopoles d’Etat que sont généralement nos services publics. Or, en réalité, dans certains cas Léon Walras [économiste du XIXe siècle théoricien de la libre-concurrence] lui-même recommande le monopole d’Etat et refuse les privatisations. Il l’explique dans son analyse de l’économie du chemin de fer [Léon Walras, L’Etat et le chemin de fer, 1875] :
“Une seule conduite peut suffire à desservir toute une population d’eau ou de gaz aussi bien que dix conduites ; une seule route peut suffire à la même circulation de voyageurs et de marchandises que dix routes. […] Il y a là, J.S. Mill l’a justement remarqué, une circonstance qui met les industries où elle se produit en dehors du principe de la libre concurrence, par la raison que cette libre concurrence ne pourrait s’y exercer que moyennant des frais multipliés de premier établissement tout à fait inutiles en eux-mêmes. Poser un second système de conduites d’eau ou de gaz dans une ville où il y en a déjà un qui pourrait à lui seul répondre à tous les besoins, construire un second réseau de routes dans un pays où il y en a déjà un en état de suffire à lui seul toutes les communications, ce serait une façon absurde de poursuivre le bon marché.”