“Mélenchon a raison de dire que certains fâchés ne sont pas fachos, en revanche 100% des fachos sont fâchés. J’ai compté.
La colère est peut-être l’affect-socle de l’extrême-droite. Le facho n’est pas seulement en colère contre la libération anticipée d’un violeur, il est en colère contre tout. La colère lui est un diapason réglé dès le matin, une disposition en attente d’un contenu. Il lui reste à pointer dans n’importe quel objet le truc qui fâche, et à toujours y revenir, et à sembler tirer de ce ressassement une joie mauvaise. (…)
L’extrême-droite, c’est peut-être ça : une mauvaise humeur qui se prend pour un projet politique. Et l’anar de droite ? Une pente contestataire que le passage aigre du temps dégrade en mauvais caractère.
La mauvaise humeur s’autoalimente. Plus elle m’envahit plus je l’exprime, plus je l’exprime plus elle m’envahit.”
François Bégaudeau, Notre joie, Pauvert, 2021