Sur le site de la revue lundimatin (hebdomadaire qui publie régulièrement les pamphlets d’Eric Hazan et dont les Inrocks évoquent la proximité avec “Le Comité Invisible”, qui fait publier par ailleurs ses oeuvres par les éditions “La Fabrique” du même Eric Hazan), un texte signé par des personnes se revendiquant comme “juives” et “antisionistes” (dont… Eric Hazan) s’attaque au “cas de Thomas Guénolé et de la gauche française de Jean-Luc Mélenchon” et prend la défense d’Houria Bouteldja, de son livre Les Blancs, les Juifs et nous : vers une politique de l’amour révolutionnaire (édité par le décidément incontournable Eric Hazan) et de son groupuscule, le Parti des Indigènes de la République, dont une des proches, Stella Magliani-Belkacem est employée comme secrétaire d’édition par nul autre qu’Eric Hazan lui-même.
On aura donc compris, non sans un certain amusement, qu’on a affaire à un plaidoyer pro domo.
Il ne s’agit pas ici d’épuiser les débats suscités par la mouvance “indigéniste” ou “décoloniale” du PIR. Nous nous contenterons de renvoyer vers l’article du chercheur Gaël Brustier pour qui :
“L’erreur du PIR, c’est de systématiser le lien entre la République coloniale et la période actuelle. Comme si le pouvoir était animé par des enjeux très exactement identiques. Cependant, le Parti des Indigènes de la République ne peut être l’alibi à l’absence de questionnement d’un racisme encore bien présent dans notre société.”
Ou vers les deux billets d’Olivier Tonneau : “Confessions d’un universaliste en cours de décolonisation” et “Dans l’ombre du doute : les Indigènes, non, mais…” qui critiquent à juste titre l’inféconde notion de « régression féconde » développée par le PIR.
Ou encore vers nos propres critiques de l’homophobie exprimée par la mouvance indigéniste dans notre billet “Homophobie partout, égalité nulle part.”
Précisons aussi d’emblée avant d’aller plus loin que nous soutenons l’appel “Combat laïque combat social” (à signer ici) qui s’oppose précisément à la fois à l’instrumentalisation de la laïcité pour stigmatiser des communautés, et à la régression indigéniste :
“Nous sommes dans une conjoncture particulière caractérisée par la régression sociale, politique et culturelle comme dispositif de pouvoir. Pour y résister, le combat social et le combat laïque doivent former un seul et même bloc. Combattre sur le front social sans lutter sur le front laïque, et vice versa, est voué à l’échec. La laïcité est notre outil pour fédérer les luttes sociales et lutter pour la justice sociale, la citoyenneté et la véritable égalité qui caractérisent la République sociale. Car les communautarismes se servent de l’appauvrissement des quartiers populaires et des discriminations qui y sont subies pour alimenter le fait politico-religieux, notamment islamiste, et détourner les citoyens du combat social, laïque et donc citoyen. En même temps, la laïcité doit aller de pair avec un antiracisme radical, ainsi qu’avec une lutte sans faiblesse contre l’antisémitisme. Enfin, le combat laïque doit également être un fer de lance contre le patriarcat soutenu, entre autres, par les communautaristes religieux, et de ce fait participer de façon centrale au combat féministe.”
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