Paroles : Panique à bord du Titanic Les enfants pleurent on coule à pic Dites bonjour aux poissons Qui nous verront Sombrer Le capitaine seul maître à bord Voudrait nous voir tous crever d’abord Admirez tous ces cons Qui lui lèchent Les pieds Vous auriez dû Vous méfier Car nul n’ira Vous regretter Au fond du gouffre les poissons irradiés Doivent ricaner de nous voir trépasser Ils sont peut-être Devenus Carnassiers Les culs-bénits font leur prière Ils supplient encore dieu le père Mais rien n’les empêchera De couler Comme des pierres Vous auriez dû Vous méfier Car nul n’ira Vous regretter La mer est calme j’avais dû rêver Tout compte fait il n’est rien arrivé Tant pis j’ai tout mon temps Je ne n’suis pas Pressé J’ai tout mon temps je n’suis pas pressé Oui il ne s’est jamais rien passé Mais j’aurais bien aimé Les voir tous Crever Oh ! j’aurais dû Me méfier J’ai tant de choses A regretter Oh ! j’aurais dû Me méfier Car nul n’ira Me regretter
Nous sommes en 2023. Mais aussi un peu en 1993, en 1995, voire en 2000, 2002, 2003, 2004, 2022 (si l’on regarde les différentes dates de sauvegarde de tes sessions de travail sur “Le Titanic”). En effet, c’est sans doute vers 1993 que tu as commencé à faire tourner la ligne de guitare minimaliste (tu ne savais jouer à peu près que les accords de la majeur et mi majeur) de ce qui allait devenir “le Titanic”. Tu te souviens notamment d’une longue après-midi d’impros chez Stéphane P, avec Eric C qui avait essayé par-dessus ta grille rythmique une gamme orientalisante qui sortait de son style habituel. Il reste peut-être trace de cela sur une des multiples cassettes que tu enregistrais à l’époque sur un vieux magnétophone. Par la suite, tu avais imaginé des paroles sur le thème du Titanic, métaphore d’une fin du monde que tu prophétisais à l’époque plus par névrose que par conscience aiguë de l’urgence climatique. Le fait d’être né pendant la guerre froide avait peut-être aussi planté dans ton esprit des images d’apocalypse nucléaire. Tu te doutais néanmoins que la métaphore pourrait s’appliquer à de nombreuses situations de naufrage prévisible. La fin du texte cultivait d’ailleurs l’ambiguïté, le passage à la première personne pouvant désigner le point de vue du narrateur embarqué ou du capitaine du paquebot lui-même.
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