Paroles :
J'adore
Regarder voter les gens
J'y retourne souvent
Dans les isoloirs
Regarder voter les gens
J'adore j'adore j'adore j'adore j'adore
Les institutrices, puéricultrices, administratrices, dessinatrices, les boulangers, les camionneurs, les policiers, les agriculteurs, les ménagères, les infirmières, les conseillères d'orientation, les chirurgiens, les mécaniciens, les chômeurs…
J'adore
Regarder voter les gens
Et de temps en temps
Je coupe le chon
Et je re-Mélenchon
Je coupe le chon
Je re-Mélenchon
Je recoupe le chon
Et attention
Je re-Mélenchon
J'adore
Les gens arrêtent de déprimer
Ils recommencent à espérer
Ils se mettent à manifester
Et les choses vont enfin bouger
Alors je leur dis battez-vous
Rien n'est à eux tout est à nous
Tout ce qu'ils ont ils l'ont volé
Nous allons tout récupérer
J'adore
Regarder voter les gens
Ah je trouve ça fascinant
Dans les isoloirs
Regarder voter les gens
Oh
j'adore j'adore j'adore j'adore j'adore
Je coupe le chon
Je re-Mélenchon
J'adore
J'adore
J'adore
J'adore
Je coupe le chon
Nous sommes en 2012. Tu prends ta douche avant d’aller au boulot, en écoutant Patrick Cohen sur France-Inter. Ce n’est pas que tu sois fan de Patrick Cohen, mais tu as gardé l’habitude d’écouter la radio de service public où subsistent encore quelques ilots de pensée critique, et tout bien considéré, la flagornerie de Patrick Cohen envers les puissants et son mépris pour les syndicalistes et les représentants de la gauche radicale éveillent en toi une colère qui te donne un coup de fouet salutaire le matin pour aller au turbin. Mais cette fois, ce n’est pas la colère mais la stupeur que déclenche en toi Patrick Cohen en lançant, rigolard, une séquence sur la campagne présidentielle en cours. Une intro de batterie sonne familièrement à tes oreilles avant qu’un riff de guitare ne confirme que c’est bien ta propre musique que tu entends à la radio. Habitué des audiences très confidentielles du petit monde de la musique libre et des concerts amateurs, tu n’as pas vraiment pour habitude de t’entendre sur une station radio nationale. Ça fait un choc.
Cet album peut être considéré comme une bande-son des campagnes électorales de 2012 de l’ex-Front de Gauche. Le dernier morceau fut largement diffusé, jusque dans les grands médias, avant la manifestation du 18 mars place de la Bastille.
Présentation par le compositeur :
Cet album est le fruit de 20 ans de bidouilles, d’oublis, d’aveuglements, d’occasions manquées, de renoncements, de remises sur le tapis, de ré-examens, d’intuitions, de réflexions, de créations et de récréations.
Il aura fallu attendre l’émergence politique du Front de Gauche et la campagne électorale de 2012 pour que tout s’emboîte et se trouve “à la bonne place et au bon moment” (pour reprendre l’expression de JLM à la Bastille le 18 mars 2012).
La musique peut néanmoins s’écouter en dehors de tout contexte politique. Des effets secondaires sont toutefois susceptibles d’apparaître chez certains mélomanes : vote pour le Front de Gauche [NDLA : ou ce qui lui a succédé], engagement syndical, tendance à la contestation et à la manifestation… En cas de persistance des symptômes, séquestrez un patron.
“Insomnie” est un titre court et instrumental. Cela doit faire pas loin de 20 ans que je pianote ce thème dès que l’occasion se présente, mais ce n’est que cette année que j’ai ressenti le besoin de l’arranger et l’enregistrer. Il peut évoquer le calme avant “la saison des tempêtes”, les nuits inquiètes de ceux qui ne supportent plus le monde tel qu’il est, mais aussi de ceux qui commencent à en redouter la fin. “Ils nous empêchent de rêver, nous les empêcherons de dormir”.
Avec “Cinq à sept pour les uns“, imaginez que vous êtes DSK, dans votre suite de Sofitel. Ambiance jazzy avec cet instrumental à 5 temps. Vous sortez de la douche et là… oui, le morceau est déjà fini. Place au Peuple.
“Trois huit pour les autres” est une valse industrielle qui servait autrefois de musique à une chanson intitulée “La Valse des Pue-la-sueur” dont le texte a sombré dans l’oubli, à l’image somme toute des “invisibles” qui en étaient le thème.
“Le FMI” est une chanson plutôt pop.
J’en jouais déjà une version acoustique avec mon pote Stéphane dans un bar à la fin des années 90, sur un texte en anglais pas très inspiré. Du coup, le morceau était finalement tombé dans les oubliettes. Mais l’actualité m’a permis de lui redonner un coup de jeune, avec un nouveau texte en français. La légèreté de la musique tranche avec la gravité du sujet : il faut dire que la ruine de nations entières orchestrée par le FMI est traitée par les grands médias de façon bien légère, elle aussi.
“Oligarchie” : j’ai bien du mal à définir le style de cet instrumental. Il y a des sons synthétiques mais aussi de la guitare et du piano. Imaginons les glands de ce monde suant le sang du peuple tandis que de dociles esclaves aux visages de chefs d’Etat les éventent en agitant des dollars. C’est à peu près l’idée.
Le morceau “Grève” est constitué de plus de 17 minutes de péripéties musicales traversant différents styles. Une autre version du premier thème avait déjà été publiée sous le titre “Lendemain de grève” dans l’album “Weltanschauung” en 2006. A l’époque, je n’avais pas eu le courage de finaliser la suite. C’est chose faite aujourd’hui. La procrastination est un luxe que l’époque ne permet plus.
“L’appel de l’Ombre” est une chanson pop psychédélique gaullienne dont une version tronquée instrumentale avait déjà été diffusée sous le titre de “ZORson003“. L’heure étant à nouveau à la Résistance, il m’a semblé pertinent d’en appeler aux mânes du vieux Général désormais ringardisé par ses propres héritiers de droite.
Quant au dernier morceau de l’album, “Je re-Mélenchon“, il s’agit d’une parodie du tube “Louxor j’adore” de Philippe Katerine (qui, interrogé sur France-Inter le 3 avril 2012, avait semblé apprécier que son oeuvre soit ainsi reprise et détournée). A la fois blague de potache et réel acte spontané d’adhésion à la campagne de Jean-Luc Mélenchon, ce morceau s’est répandu de façon inattendue sur Internet et même dans quelques grands médias audiovisuels. Avis aux mélomanes : contrairement aux autres morceaux de l’album, que j’ai placés en tant qu’auteur sous une licence de libre diffusion non-commerciale, celui-ci relève du droit à la parodie et le morceau original dont j’ai repris la mélodie reste la propriété de son auteur.
Depuis 1995, PSYCHONADA offre quelques potlatchs musicaux à certain·e·s de ceux qui en veulent et à certain·e·s de ceux qui n’en veulent pas. Donc, vous avez peut-être une chance d’en être…
Voué d’abord aux détournements sonores et aux remixes (King Curtis, Jay-Jay Johanson, Pierre-Joseph Proudhon…), le projet Psychonada est peu à peu devenu la vitrine politique du label In Cauda Venenum, comme l’a illustré l’album “Place au Peuple” en 2012, avec le morceau “Je re-Mélenchon” (parodie du Louxor j’adore de Philippe Katerine), ou plus récemment le mini-album “Stop Macron” (2018).